Histoire de l’hébergement web en Tunisie
La pratique de l’hébergement web en Tunisie a encore de très beaux jours devant elle. L’utilisation d’internet et des sites web dans le cadre du travail est continuellement en expansion. Au vu du nombre de sites internet qui ne cesse de s’accroître, la Tunisie représente bel et bien un marché florissant pour les fournisseurs d’hébergement web. La demande est telle que des intérêts sont en jeu, nous reviendrons ici sur l’histoire en bref de l’hébergement web en Tunisie, une histoire ponctuée de quelques conflits.
Histoire de l’hébergement web en Tunisie
Au début des années 2000, ce sont les fournisseurs de service internet qui avaient le monopole sur l’hébergement web en Tunisie, parmi eux nous retrouvons Topnet, Globalnet, Planet (Orange), Hexabyte et Tunet (Ooredoo). Il existait aussi d’autres intervenants sur le marché tel que Globex (fondée en 2004 et qui était une société d’hébergement web).Ces acteurs du marché de l’hébergement internet restaient tout de même rares.
Vu les revenus que généraient ce marché hautement lucratif, la concurrence internationale n’allait pas se faire attendre. C’est en 2010, qu’OVH, le grand empire français de l’hébergement web, fit son entrée au marché tunisien. Ce géant a été fondé en 1999 par Octave Klaber. Depuis sa création, la société n’a pas cessé de se développer et de multiplier ses filiales en Europe et sur les autres continents. OVH c’est 27 Datacenters à travers le monde, dont le premier a été créé en 2003 à Paris. En quelques années, le nombre de serveurs de OVH avait doublé, passant de 6000 à 12000.
A cette époque là, les filiales européennes étaient au nombre de 15 tandis que celles d’Afrique du Nord étaient au nombre de 2 (Tunisie et Maroc).
OVH et ses conflits avec l’ATI
L’annonce de l’arrivée d’OVH en Tunisie aura l’effet d’un ras de marée. Le marché de l’hébergement web et du numérique s’en trouva bouleversé. Ce monstre de l’informatique allait révolutionner le marché Tunisien jusque là focalisé autour des mêmes fournisseurs locaux dont les tarifs étaient contrôlés par l’ATI, pour endiguer tout risque de concurrence entre les différents prestataires tunisiens. OVH n’était cependant pas soumis à ces mêmes règlementations. En débarquant en Tunisie avec des offres alléchantes (meilleure qualité d’hébergement à de meilleurs tarifs et avec de meilleures conditions), il réussit petit à petit à rafler jusqu’à 80% de parts de marché.
Mais l’ATI soucieuse de garder son emprise sur le marché tunisien, allait bientôt passer à l’action.
OVH et problème d’hébergement des sites étatiques tunisiens à l’étranger
Un incident survenu à deux Datacenters d’OVH, début novembre 2017 allait constituer le motif parfait pour faire plier OVH. En effet, jusque là beaucoup trop puissant et hors d’atteinte, OVH était resté imperturbable quant aux manœuvres de l’ATI. Mais cette panne allait être un catalyseur. Suite à ça, des milliers de sites tunisiens allaient crasher. Il s’avéra aussi que 80% des sites tunisiens étaient hébergés par OVH et à l’étranger. Parmi ces sites hébergés sur des serveurs européens figure celui d’une entreprise étatique, celle du phosphate de Gafsa (CPG). Cette pratique de transfert de données à l’étranger est cependant interdite par les articles 51 et 52 de la loi organique 63-2002 du 27 juillet 2002, et l’article 11 du décret numéro 2007-3002 du 27 Novembre 2007. Le non respect à la convention concernant les noms de domaine en « .tn » valut à OVH une mise en demeure par l’ATI, qui exigea la mise en place d’une infrastructure technique hautement disponible en Tunisie. Pour l’ATI, cette structure devrait être implantée sur le sol tunisien et devrait être connectée au réseau internet tunisien. Quant à l’UTICA, elle qualifia cette situation de grave jugeant la souveraineté numérique tunisienne menacée.
Et pour résoudre le problème…
C’est ainsi qu’un tout nouvel intervenant fit son entrée sur le marché de l’hébergement web en Tunisie, qui n’est autre que le leader en matière de télécommunications, OOREDOO. OVH trouva ici une solution radicale et légale pour échapper à l’emprise et aux manœuvres de l’ATI et choisit volontiers de migrer chez OOREDOO tout en mettant ainsi fin à des années de conflits avec l’ATI.
L’hébergement web en Tunisie ne cesse de se moderniser accueillant de plus en plus de technologies avec une demande en évolution constante.